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"ON A ENLEVÉ LES FLEURS, IL RESTE L'EAU", DOUBLE SEJOUR - TEXTE D'EXPOSITION / 2016

Louis Granet, Untitled (Ele é gigante, você anda, anda, anda e não conheceu…) 2016

La Joconde trônait, imperturbable et satisfaite. Elle le toisait du haut de son ridicule format, victorieuse dans ce face à face de l’Histoire. Impossible de s’y résoudre, d’admettre l'ironie du sort qui l'avait entravé là, témoin impuissant de cet affront perpétuel. Depuis longtemps déjà, seuls les coups d'œil hagards d’admirateurs découragés ou de quelques érudits égarés l'effleuraient entre deux tentatives d’accéder à elle. Le panorama de cette horde avide détournée de lui, ces marées de dos hostiles n’en finissaient pas d’éprouver sa dignité.

Depuis la dernière restauration, il avait sombré dans une abdication résignée. Le retour de sa superbe n'y avait rien changé. Mais il avait aussi commencé à nourrir en secret une haine féroce à l'égard de l'autre. L'usurpateur.

Rien n’avait pourtant laissé présager le revirement brutal de sa destinée. Il avait été conçu pour un écrin à sa mesure où nul rival n’était susceptible de lui faire ombrage. Son pouvoir se déployait sans obstacle jusqu'à ce voyage cruel. Quitter Venise fut un véritable arrachement. Puis ce cadre doré dans lequel il avait été encastré, symbole d’un faste présumé, s’était révélé être à l’image de cet étau qui se refermait sur lui. L’ultime consécration promise s’était transformée en un périlleux naufrage vers la désaffection.

Le réfectoire, son propre berceau originel, accueillait désormais cette doublure infâme. Outrage. Profanation. La technologie avait échoué à ressusciter l'aura de son créateur, mais elle avait permis d'engendrer cette contrefaçon. Le sublime avait changé de camp, l’abandonnant à son injuste obsolescence. Et tout cela n'était qu'affaire de miracle, après tout : si lui représentait celui du mythe, elle incarnait mystérieusement son essence absolue et l'autre en était la dernière version. Le temps l'avait définitivement disqualifié et il ne pouvait plus rien y faire. « Tu ne vois que ton ombre lorsque tu tournes le dos au soleil »1, avait dit le poète. Bientôt sonnerait l’heure du prompt retournement.

On a enlevé les fleurs, il reste l’eau, Vue d’exposition
On a enlevé les fleurs, il reste l’eau, Vue d’exposition

Vanessa Dziuba, Vases (détail), 2016

1- Khalil Gibran, Le sable et l’écume, 1926


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ON A ENLEVÉ LES FLEURS, IL RESTE L’EAU, 21 – 30 octobre 2016, exposition collective en appartement avec : Cyril Zarcone & Damien Caccia,Vanessa Dziuba, Louis Granet, Lola Hakimian, Marine Provost, Ludovic Sauvage et Yannis Pérez. Curateur : Thomas Havet

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